Nouvelles

15 mai 2009

L’humilité des gagnants en période de récession

Cyberpresse
Vendredi 15 mai 2009
 

L'humilité des gagnants en période de récession
 

Marc Rochette
 

Autour de la table, Luc Dugré, de la compagnie AubinPélissier, échange spontanément avec Réjean Hardy, de l'entreprise Hardy Filtration. Sa fille Geneviève n'hésite pas à s'enquérir des activités de Solus Sécurité auprès des dirigeants Normand Bélanger et Christian Allard. Et Sylvain Tessier, de la firme ST marketing, surveille le tout avec intérêt.
 

Trois-Rivières - Pour accompagner depuis longtemps les gens d'affaires dans leurs stratégies, celui-ci n'est guère surpris de voir la dynamique de groupe s'installer aussi facilement dans les locaux du Nouvelliste. Car ils sont tous membres du groupement des chefs d'entreprise du Québec, habitués aux échanges et à l'entraide.
 

D'ailleurs, l'un des 3D pour passer au travers la crise, c'est bien celui de la dynamique de groupe.
 

«La condition numéro un pour qu'une entreprise grandisse, c'est d'avoir l'humilité de reconnaître qu'il faut s'améliorer. Et dans le groupement, je n'ai vu personne avoir l'air d'un arrogant», témoigne Sylvain Tessier, évoquant ce recours à l'expérience des autres.
 

Car sa firme conseil experte en développement des affaires, stratégie et implantation en entreprise de Trois- Rivières est partenaire recommandée du groupement.
 

«Cela me permet d'avoir la chance de partager mes difficultés et mes succès car il y a cette solitude du chef d'entreprise», confie le président du conseil et chef de la direction de Solus Sécurité, Normand Bélanger.
 

Signe des temps, cette entreprise de Trois-Rivières est le résultat d'une fusion survenue en 2005 sous le prétexte que les clients veulent faire affaire avec moins de fournisseurs, mais avec des fournisseurs qui peuvent offrir plus de services.
 

«Il faut s'adapter très vite et nous avons diversifié nos clients», avoue son collègue et président de l'entreprise, Christian Allard.
 

Diversification: l'autre élément des 3D pour surmonter la récession. «Et on avait déjà commencé à se diversifier dans des secteurs et des marchés où l'on était moins présent», raconte la directrice des opérations et associée chez Hardy Filtration, Geneviève Hardy.
 

«C'est sûr que notre secteur étant relié aux pâtes et papiers et aux meubles, cela a eu un impact sur les carnets de commandes», admet son père Réjean, président de l'entreprise.
 

Malgré le contexte de ralentissement économique, cela ne l'a pas empêché de s'offrir une nouvelle usine de deux millions de dollars. «On a choisi le meilleur moment pour investir, les taux d'intérêt n'ayant jamais été plus bas que ça», fait-il remarquer tout en soulignant que la croissance de l'entreprise justifiait pareil déménagement.
 

Même audace du côté de la compagnie AubinPélissier qui s'est aussi payée une nouvelle bâtisse de trois millions de dollars. Non seulement cela permet-il de créer un environnement de travail des plus agréables pour sa centaine d'employés, mais Luc Dugré a même profité des nouveaux espaces pour lancer une nouvelle entreprise
innovatrice, Carnot Réfrigération, qui vient s'ajouter à Pélissier Chauffage.
 

«Il s'agit d'une première, soit la fabrication d'appareils de réfrigération sans gaz à effet de serre», révèle fièrement le président.
 

Développement: voilà d'ailleurs le troisième aspect des 3D au coeur de la réussite d'une entreprise et ce, dans les bons et les mauvais jours.
 

Pour le spécialiste Sylvain Tessier, le développement des affaires et la gestion de liquidité sont au centre des préoccupations des entrepreneurs.
 

«La game est plus tough, la concurrence étant mondiale, l'entreprise veut avoir une meilleure position et l'industrie est en train de se transformer», observe-t-il.
 

Le groupe reconnaît la nervosité des institutions financières, la lourdeur administrative imposée par l'État, mais également l'avantage de faire des affaires à Trois-Rivières pour sa situation géographique et sa qualité de vie.
 

Mais on ne cache pas l'impact des difficultés économiques sur le moral des effectifs. «On doit gérer les émotions et déployer deux fois plus d'efforts dans la communication», avoue Christian Allard. «C'est comme si en vente, l'épreuve du 100 mètres était devenue un 100 mètres haies», renchérit Sylvain Tessier.
 

Finalement, Geneviève Hardy constate un plus grand nombre de femmes en relève d'entreprise, le phénomène du transfert étant appelé à grandir au cours des prochaines années.
 

«Elles sont moins téméraires, plus méthodiques et mieux organisées que les hommes», conclut son père Réjean, visiblement fier de sa relève.